[Critique Série] – You

You
Adaptée d’un roman éponyme de Caroline Kepnes, You marque le grand retour de Penn Badgley (Dan de Gossip Girl) dans un rôle de psychopathe. Disponible sur Netflix, la première saison est composée de 10 épisodes d’environ 45 minutes chacun. Avec Greg Berlanti et Sera Gamble aux commandes, cette série américaine qui au premier abord semble être une énième comédie romantique se démarque des autres pour plusieurs raisons.

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« Joe, le gérant d’une librairie new-yorkaise, devient obsédé par Beck, une jeune aspirante écrivaine qui partage sa passion pour les livres et pour la poésie. Persuadé qu’ils sont faits l’un pour l’autre, il va alors se servir des réseaux sociaux pour nourrir son obsession, savoir en permanence où elle se trouve et ce qu’elle fait, et tenter de faire tomber tous les obstacles qui pourraient se dresser en travers du chemin de leur possible romance. Quitte à commettre des actes totalement fous… »

Dès les premières minutes, les deux personnages principaux, Joe et Beck, se rencontrent dans un lieu classique mais qui, en réalité, renferme bien des secrets… Le jeune libraire devient obsédé par la belle Beck au moment où il croise son regard. C’est alors qu’il devient fou, la recherche sur les réseaux sociaux, l’observe en permanence pour savoir ce qu’elle fait et avec qui, et il réussit même, dans un coup de génie, à lui voler son téléphone portable pour accéder à ses messages. Grâce à son stalkage, il sort avec elle. L’interprétation de Penn Badgley est excellente, il porte plusieurs casquettes avec aisance : stalkeur, tueur, petit-ami affectueux, séducteur, patron, voisin bienveillant…. Son comportement change selon les personnages qu’il côtoie. Par exemple, il est très protecteur avec le jeune Paco, un petit garçon qui voit sa mère subir les violences de son mari, et lui donne même goût à la lecture. Au contraire, il se montre assez violent et sarcastique avec Peach (interprétée par Shay Mitchell de Pretty Little Liars), la meilleure amie manipulatrice de Beck. On retrouve cette opposition avec la voix-off qui révèle la pensée Joe, souvent contradictoire avec ce qu’il dit réellement. La précision de ses gestes nous plonge dans une ambiance angoissante, même lorsqu’il s’agit simplement de réparer un livre. C’est donc un personnage à la fois dangereux et sexy qui peut mettre mal à l’aise. Prêt à tout pour protéger Beck, il n’hésite pas à tuer ceux qui se mettraient en travers de son chemin et finit toujours par s’en sortir. Joe est malsain mais il devient un héros fascinant et on se demande s’il va arriver à ses fins ou s’il va se faire démasquer. Quant à Beck, incarnée par Elizabeth Lail (Once Upon a Time), elle devrait apparaître à nos yeux comme une victime, mais finalement, on se demande si, malheureusement, avec sa tendance à l’autodestruction qui l’attire vers ce qui est mauvais pour elle, elle n’a pas un peu cherché ce qui lui arrive… En revanche, ses défauts et ses qualités en font quelqu’un d’humain et il nous arrive d’avoir peur pour elle. Elle n’a pas confiance en elle et ses faiblesses seront parfaitement utilisées par Joe.

You

Avec sa réflexion sur l’utilisation des réseaux sociaux qui expose notre vie privée aux yeux de tous, You nous fait réfléchir… Il devient facile de tout savoir de quelqu’un en toute discrétion. Depuis quelques temps, les réseaux sociaux sont devenus un sujet régulièrement mis en avant dans les séries : Black Mirror y consacre un épisode entier mais aussi Gossip Girl et Pretty Little Liars en clin d’oeil aux acteurs Penn Badgley et Shay Mitchell. Derrière cette love-story, You veut sans doute nous faire comprendre qu’il est important de se déconnecter un peu et de garder un jardin secret. D’ailleurs, lorsque Beck décide de désactiver tous ses comptes (Facebook, Instagram, Twitter…), Joe semble perdu et ne sait plus comment faire. Cela semble être l’une de ses (seules ?) faiblesses… You nous alerte également sur la masculinité toxique : Joe justifie son besoin excessif de contrôle et de violence par la volonté de protéger Beck. Sans nous faire basculer dans la paranoïa, You nous alerte sur notre attitude et nous préconise de se méfier à chaque nouvelle rencontre.

Plutôt cohérente, ponctuée de quelques flashbacks sur le passé de Joe, la série est bien rythmée et addictive, le premier épisode regorge de scènes flippantes qui nous donnent envie de continuer pour voir comment cela va se terminer. Chaque personnage, à sa manière, fait avancer l’intrigue, même si la mécanique est souvent répétitive : un obstacle surgit et il est éliminé d’une façon ou d’une autre. On ne s’attend pas toujours à ce qu’il va se passer. L’épisode final nous tient en haleine du début à la fin et se termine par un twist totalement inattendu. Durant les épisodes, le spectateur peut se sentir oppressé, comme enfermé dans une cage de verre… C’est là la force de cette série : le spectateur est à la fois à une place privilégiée que dans une position inconfortable. Il devient presque un complice de Joe car il assiste à ses stratégies et connait ses intentions douteuses mais remarque aussi ses attentions positives.

PaulineG lui attribue la note de :
7/10

En bref

Sombre et intrigante, You est une série qui ne s’adresse pas qu’aux ados et qui se veut très actuelle. La fin surprenante annonce une saison 2 très attendue et prometteuse….

PaulineG

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