Le Secret des Mésanges est le premier long-métrage solo d’Antoine Lanciaux, produit par Folimage, Les Armateurs et une constellation de partenaires européens. Conçu en animation papier découpé à la main, ce film s’inscrit dans la grande tradition du cinéma d’animation d’auteur français : entre délicatesse, transmission familiale et gestes artisanaux palpables. Lauréat d’une sélection officielle au Festival d’Annecy 2025, il invite petits et grands à plonger dans la campagne de Bectoile pour une aventure entre passé et présent, guidée par la tendresse et la fantaisie.
Lorsque Lucie, 9 ans, arrive à Bectoile pour les vacances, elle n’a aucune idée des aventures qui l’attendent ! Sa mère Caro y mène des fouilles archéologiques avec son collègue Pierrot. Cette dernière a grandi dans ce même village qui est aussi le théâtre d’un secret de famille que Lucie s’apprête à découvrir. Guidée par un couple de mésanges et avec l’aide de son nouvel ami Yann, Lucie est bien décidée à se plonger dans son histoire familiale. Des sous-sols d’un château en ruine à une vieille caravane oubliée à l’orée des bois, cette aventure les mènera de surprises insolites en fabuleuses découvertes !
Le récit oscille constamment entre enquête intime – la fillette cherche à comprendre l’enfance de sa mère et le silence qui entoure leur histoire – et grandes explorations à la Club des Cinq nourries par l’humour, la solidarité, l’amitié, et l’amour filial. Le film déploie une galerie de personnages chaleureux et bien croqués : le collègue archéologue Pierrot, la mystérieuse Mamie Cléo, et même un chien malin dont l’affection n’a d’égal que sa fidélité.
Lucie n’est pas une héroïne classique : sa solitude et ses interrogations sont au centre du récit, alimentant une dynamique d’enquête proche du roman d’apprentissage. Les mésanges, personnages magiques à la fois guides et témoins, font office de passeurs entre le monde adulte et l’imaginaire enfantin. Le passage des générations, le deuil, le secret et la transmission sont abordés avec retenue, à travers des dialogues simples, souvent non-dits, et des résolutions progressives, loin des facilités scénaristiques des films formatés . Le scénario prend le parti d’une progression lente, émaillée de rebondissements à hauteur d’enfant : décryptage de ruines, fouilles archéologiques, exploration de recoins cachés, rencontres improbables avec la bienveillante Mamie Cléo et le fidèle Yann. La simplicité des dialogues, l’attention portée aux gestes et aux regards, installent un climat de confiance propice à l’émancipation et à la découverte de soi.
Habité par la technique minutieuse du papier découpé, le film impressionne par la qualité de ses décors confectionnés – plus de 800 éléments pour 2000 pantins – avec textures, couleurs et jeux de lumière rappelant le parfum d’une enfance matériellement tangible. Ce choix artistique, rare sur la scène contemporaine, fait écho aux sensations du « fait-main », un geste intime en accord avec le propos sur la transmission familiale et la tendresse des souvenirs. La création graphique est signée Sophie Roze et Samuel Ribeyron, tandis que Didier Falk compose une bande-son discrète et enveloppante, illustrant les élans poétiques et les douceurs du récit.
La distribution vocale, menée par Lucie Léontiadis (Lucie), Anton Souverbie-Giorgis (Yann), Marina Le Guennec (Caro), Yannick Jaulin (Pierrot), François Marthouret (le vieil homme), et Hélène Friren (Mamie Cléo), garantit une interprétation aussi sensible que nuancée, tout en conservant un ton naturel qui évite l’affectation. La combinaison du son, de l’image animée, et d’une direction artistique raffinée, installe durablement le film parmi les œuvres familiales capables de parler aussi bien aux enfants qu’aux adultes nostalgiques.
CaptainSmoke lui attribue la note de :
En bref
Un long-métrage d’animation sensible, d’une beauté artisanale rare, un hymne à la filiation, à la mémoire et à la magie de la campagne, à découvrir dès 6 ans.