[Critique Film] – Miss Peregrine et les Enfants Particuliers

Miss Peregrine

L’univers clairement identifiable de Tim Burton semblait, depuis quelques années, s’être fait un double claquage des tendons. Dévoré par son imaginaire, le réalisateur phare des années 1990 s’est laissé aller à de nombreuses folies graphiques rococo en perte de vitesse et infantiles. Avec l’adaptation du roman éponyme culte de l’américain Ransom Riggs, le cinéaste retrouve ses marques et intègre à son monde une forme de X-Men gothique très particulier…

Le charisme de Miss Peregrine et les Enfants Particuliers réside principalement dans sa manière de multiplier les références cinématographiques, tout en jouant sur les principaux clichés du fantastique pour en extraire une véritable sympathie, réussissant parfaitement à son entreprise. On note également des hommages à Ray Harryhausen, où mêmes à l’expressionisme allemand (on songe beaucoup au Nosferatu de Murnau), et bien-sur Edward Gorey. Comme toujours guidé par les attraits du cinéma de genre, Tim Burton crée alors un monde mi-gothique, mi-expressionniste, dont chaque facette dispose de sa propre richesse, tout en se risquant à aborder des sujets plus complexes, comme la paternité, l’amitié, voire la seconde famille.

Miss Peregrine

Sympathique accueil funèbre rythmé par une ambiance éclectique bon-enfant, Miss Peregrine confirme donc une certaine idée de retour aux sources. Burton se plait, à travers les images, à jouer avec les apories, dans son monde imaginaire. Ainsi, on peut voir une fille obligée de s’attacher à une corde pour ne pas s’envoler, voire même l’épave d’un bateau gigantesque remonter à la surface, alors que normalement, c’est l’inverse. Et cette manière de retourner nos habitudes est homogène avec le propos du film, axé sur les différences entre les êtres humains, autant physiques que psychologiques. Étalant ainsi de nombreux détails sur chaque image, Burton rend à son récit une trame plurielle, prenant le pouvoir sur son macrocosme passant d’un extrême à l’autre, tellement qu’il ne semble pas toujours accepter ces changements, qui, malheureusement, sont beaucoup trop proches d’un simple patchwork culturel.

Car, malgré son casting étonnant, Miss Peregrine ne dépasse pas le stade de la simple odyssée burtonnienne, prouvant encore une fois le fait que son maître-d‘œuvre, après dix dernières années catastrophiques, à toujours du mal à renouveler son inspiration. Burton livre un film pour adolescent, subtil mais facile, en adoptant sa redondante critique de l’ordre du monde, démontrant de manière cinglante et acide que les monstres ont non seulement le droit d’exister, mais qu’ils sont aussi parmi nous, et même supérieurs à nous. À partir de là, difficile de prendre Miss Peregrine pour autre chose qu’une énième (mais louable) vulgarisation d’un combat anti-intolérance.

Miss Peregrine

Même si nous sommes à des années lumière d’une œuvre aseptisée, le métrage à donc aussi bien tendance à décevoir qu’à satisfaire. Mais il faut s’y faire : Tim Burton, jadis poète rêveur, est devenu un amuseur. On ne retrouve pas le propos, ni le chaos, ni la complexité régnant dans Edward aux mains d’argent, voire Batman : le défi. Cependant, Miss Peregrine soulève le monstre en chacun de nous, et tourne la page des blockbusters chaotiques qui nous ont été servis cet été.

Kiwi- lui attribue la note de :
6/10

En bref

Tim Burton, sans prétention, nous propulse néanmoins dans un mouvement ascendant, et nous rappelle qu’Hollywood est toujours, un peu, une usine à rêve.

Boyen LaBuée

Né un peu avant la sortie du film "Matrix"

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