[Dossier] – Quid des nouveautés séries de septembre/octobre ?

Parce que les journées ne font pas 72 heures, il est parfois impossible de suivre chaque lancement de série. Surtout en septembre et en octobre qui sont synonymes de rentrée des séries aux États-Unis, et dans une moindre mesure au Royaume-Uni. Heureusement, on pense à vous avec le top des nouveautés à suivre, un survol des séries qui ne nous auront pas vraiment convaincu – voire pas du tout pour le flop de ces deux derniers mois – avant la partie « Madame Irma » sur les nouveautés à surveiller pour les deux mois suivants.

Le tout garanti sans langue de bois, of course.

Les Tops :

Au Service de la France, créée par Alexandre Courtès, Jean-François Halin, Claire LeMaréchal et Jean-André Yerles

Beaucoup l’ont comparé à l’OSS 117 new look du duo Dujardin/Hazanavicius, mais Au Service de la France ne joue pas dans la même cour que son camarade cinématographique. Déjà parce qu’il ne pastiche pas James Bond et consorts, mais plutôt la mentalité française du début des années 1960, entre sexisme, racisme, germanophobie et Guerre Froide. Ensuite parce que l’humour y est plus grinçant et pince-sans-rire. Enfin, car il se déroule principalement dans des bureaux et des salles de réunion plutôt qu’en plein air. Au Service de la France n’est certes pas une franche réussite et la diffusion d’Arte est trop lourde (quatre épisodes de suite, c’est trop), mais il y a toujours une punchline ou une situation qui rattrape le tout. Un bonbon con à déguster pour se détendre, tout simplement.

Débutée le 29 octobre, 12 épisodes, Arte.

Blindspot, créée par Martin Gero

A Times Square, un sac sur lequel il est écrit d’appeler le FBI est découvert. De ce sac finit par sortir une jeune femme nue et couverte de tatouages. Kurt Weller est appelé sur l’enquête … parce que son nom est tatoué dans le dos de cette Jane Doe. Diffusée sur une NBC en souffrance lors de cette rentrée, Blindspot se situe clairement dans le haut du panier de cette rentrée des séries. L’intrigue principale est passionnante et si le schéma des épisodes reste le même jusqu’au sixième, on note déjà une évolution avec le septième. Le scénario distille délicieusement les plot twists, et le travail soigné sur le relationnel entre les personnages permet à chacun d’y trouver son compte. Enfin, si elle n’est pas filmée de manière exceptionnelle, on peut tout de même noter qu’elle est filmée de manière propre et efficace. Une réussite pour le moment.

Débutée le 21 septembre, 23 épisodes, NBC.

Crazy Ex-Girlfriend, créée par Rachel Bloom et Aline Brosch McKenna

Depuis la fin de Buffy, la CW se coltinait une réputation de chaîne pour ados qui diffusait des séries d’une qualité moyenne voire médiocre. Si tout n’est pas rose, le cinquième network US remonte la pente depuis quelques temps avec The 100 ou Jane the Virgin, et confirme son regain de forme avec Crazy Ex-Girlfriend. Malgré un pitch casse-gueule – Rebecca Bunch (jouée par Rachel Bloom) est toujours amoureuse de son petit ami de la fac et quand elle le revoie dix ans plus tard, elle décide de tout plaquer pour le rejoindre en Californie – cette « comédie musicale » parvient à s’en tirer grâce à la fraîcheur de Bloom et à la qualité de son écriture, et notamment de ses chansons. On pense un peu à Flight of the Conchords, avec ses losers et un côté absurde qui fonctionne très bien. Seul bémol, le format de 40 minutes qui provoque des longueurs, heureusement compensées par la fraîcheur de l’ensemble.

Débutée le 12 octobre, 6 épisodes, CW.

Grandfathered, créée par Daniel Chun

Grandfathered est un peu la bonne surprise de la rentrée sur la FOX, qui galère un peu lors de cette rentrée niveau audiences. Pitch casse-gueule là aussi – un célibataire qui découvre qu’il est non seulement père, mais aussi grand-père – et qui parvient pourtant à être drôle et touchante. La construction des personnages est intéressante et si l’écriture ne tape pas forcément dans le mille, elle se révèle relativement pertinente, permettant à la sauce de prendre. La série recycle un humour déjà bien vu et revu mais cela ne l’empêche pas de faire rire, notamment grâce à un casting parfait, qui semble prendre plaisir à ce qu’il fait. Grandfathered semble être un projet qui peut s’essouffler très vite, mais il fonctionne pour l’instant.

Débutée le 29 septembre, 22 épisodes, FOX.

Moonbeam City, créée par Scott Gairdner

Comedy Central sort régulièrement des pépites depuis quelques années et Moonbeam City semble en être une. Parodie des cop-shows des années 80 tout en reprenant l’imagerie de ces années-là (les néons, le rose, la fragilité des héros, les méchants ridicules). Et c’est une réussite. La série est franchement drôle, les personnages bien débiles, les acteurs s’éclatent à réciter des conneries – que ce soit Rob Lowe, Will Forte ou Elizabeth Banks – et on se retrouve devant un mélange entre Miami Vice, Archer et un sketch du SNL qui fonctionne du tonnerre. Attention cependant, si vous n’êtes pas sensible à l’imagerie des années 80 ou à l’humour d’Archer (en moins vulgaire ceci dit), vous avez peu de chances d’accrocher. Mais tentez le coup quand même.

Débutée le 16 septembre, 10 épisodes, Comedy Central.

One-Punch Man, créée par Shingo Natsume

On ne parle pas souvent d’animés ici (malheureusement), mais quand il y en a un qui sort du lot il faut faire du prosélytisme (tout le monde ne suit pas l’actu otaku). Nouveau manga sensation au Japon, One-Punch Man c’est surtout l’histoire d’un miracle puisqu’il était à l’origine publié sur internet. Beau parcours pour son auteur, dont cette adaptation pourrait presque constituer l’aboutissement : animation incroyable, humour mieux géré, rythme parfaitement réglé et ton plus ambiguë que sur papier. Douce parodie à la limite du pastiche irrévérencieux, One-Punch Man est déjà un concurrent fort au titre d’animé de l’année (avec Kekkai Sensen, Death Parade et Osomatsu-san – des recommandations avisées). Un must instantané.

Débutée le 5 octobre, 12 épisodes et un OAV prévu, TV Tokyo.

Quantico, créée par Joshua Safran

Nouvelle série très attendue d’ABC, Quantico relate la vie d’un groupe de jeunes recrues du FBI, et en particulier d’Alex Parrish, dans le centre de formation du plus célèbre service de police au monde. La série a la construction classique d’une série en flashbacks : l’intrigue principale est entremêlée avec des retours en arrière sur la formation des agents actuels. Si elle ne renouvelle pas le genre, la série a tout de même fait quelques choix de casting inhabituels et son intrigue est assez intéressante pour qu’on y revienne semaine après semaine. De plus, elle est formellement bien faite et ravira tous les passionnés du genre.

Débutée le 27 septembre, 22 épisodes, ABC.

SuperMansion, créée par Matthew Senreich et Zeb Wells

Les séries Crackle ont souvent pour elles une efficacité dont devraient s’inspirer beaucoup de créateurs de guilty pleasures énergiques (qu’il s’agisse de comédies ou de drames) car il leur manque bien souvent des scénaristes soutenus, sans parler de leur production value très cheap. SuperMansion avait tout de même de quoi attiser la curiosité, vu de loin ; déjà parce qu’elle est réalisée en stop-motion, mais surtout parce que les deux gus qui s’en occupent sont à l’origine de l’hilarante série Robot Chicken dont on retrouve ici l’esprit absurdo-vulgo-satirique. C’est bête et méchant, bourré de références popcultures, le casting vocal est fantastique (Bryan Cranston, Key, Seth Green) et ça fait quand même du bien de se marrer un peu vu le manque de sitcoms de qualité sur les grands networks. SuperMansion c’est Archer qui rencontre Kick-Ass, avec une pincée de Team America. Excellent.

Débutée le 8 octobre, 7 épisodes, Crakle.

The Last Kingdom, créée par Stephen Butchard

Les îles britanniques à l’époque médiévale sont à la mode en cette rentrée 2015. Après un The Bastard Executioner franchement décevant – on en parle en-dessous -, tous les espoirs des médiévistes se portaient sur The Last Kingdom, une adaptation en huit épisodes de la saga The Saxon Stories de Bernard Cornwell. Et si TLK n’est pas parfaite – loin de là – elle a tout même le mérite d’être assez solide dans sa réalisation et son écriture pour nous convaincre. Malgré quelques incohérences et des personnages secondaires inégaux, on suit sans déplaisir les aventures d’Uhtred de Bebbanburg, fils d’un noble saxon tué au combat qui est élevé par les envahisseurs Angles et qui doit choisir entre son peuple d’origine ou celui qui l’a accueilli. Une série plaisante mais qui doit encore prouver qu’elle peut tenir la longueur et proposer des séquences fortes.

Débutée le 10 octobre, 8 épisodes, BBC America/BBC Two.

Mentions :

  • Panthers, Canal + (qui bénéficie d’une musique de générique concoctée par David Bowie) ;
  • The Grinder, FOX (avec Rob Lowe qui est l’acteur de cette rentrée décidément) ;
  • Ash vs. Evil Dead, Starz! (même si il n’y a que le pilote qui a été diffusé) ;
  • Osomatsu-san, TV Tokyo.

Supergirl, créée par Ali Adler, Greg Berlanti et Andrew Kreisberg

Centrée sur Kara Zor-El, la cousine de Superman qui est envoyé sur Terre pour le protéger juste avant la destruction de Krypton, Supergirl était attendu au tournant par les fans du personnage, de Superman et des oeuvres de super-héros en général. Alors que la quasi-totalité des autres séries Marvel ou DC suivent une figure masculine – hormis Agent CarterSupergirl prend le risque de suivre une super-héroïne. La série a des qualités indéniables : elle est fidèle au comic d’origine avec son côté rose, et son actrice principale, Melissa Benoist, colle bien au rôle et apporte de l’énergie à la série. Malheureusement, si le projet a tout pour plaire, Supergirl pèche par son écriture bâclée, sa mise en scène clairement perfectible (surtout les effets spéciaux) et quelques personnages secondaires trop en deçà. Les premiers épisodes ne sont pas totalement convaincants, et font craindre un flop pour la suite, mais il n’est pas rare qu’une série qui laisse à désirer sur les premiers épisodes prenne finalement son envol (comme Agents of SHIELD). Une petite déception, mais on a envie d’y croire : Supergirl peut être la preuve que faire une série de super-héroïne est possible. Si CBS lui laisse le temps.

Débutée le 26 octobre, CBS.

Le flop :

The Bastard Executioner, créée par Kurt Sutter

On aurait pu citer Code Black, mais The Bastard Executioner est encore plus décevant que la copie d’Urgences. Kurt Sutter a tout pour faire une grande série : des décors magnifiques, des reconstitutions de lieux excellentes en plein Pays de Galles, de beaux costumes ou encore un background historique riche et dramatique – un Pays de Galles en ébullition au début du 14e siècle qui ne supporte pas la domination anglaise. Sauf que Kurt Sutter et ses équipes font n’importe quoi avec : la mise en scène est moche, avec des scènes filmés n’importe comment et bourrées de lens flares dès que le Soleil pointe le bout de son nez ; les acteurs sont à la ramasse et les incohérences historiques ou narratives pullulent. On s’ennuie franchement en suivant un personnage principal sans charisme, et c’est vraiment frustrant car il y avait moyen de créer une grande fresque historique. Quand on voit que sur la même chaîne est diffusée Fargo, on se demande comment FX peut être aussi inégale dans sa programmation.

Débutée le 15 septembre, 8 épisodes, FX.

Quelles nouveautés vaudront le coup d’œil en novembre/décembre ?

Nous n’avions pas vraiment eu le nez creux il y a deux mois, mais la divination n’est malheureusement pas encore au point, ce qui soulage notre conscience. Alors pour ces deux prochains mois, qui seront beaucoup plus légers en terme de nouveautés, voici nos conseils séries (liste non-exhaustive bien sûr) :

  • Flesh and Bone (Starz!, 7 novembre), sur le monde de la danse classique ;
  • Into The Badlands (AMC, 15 novembre), qui peut aussi bien être ridicule ou génial ;
  • Pourquoi pas Versailles (Canal +, 16 novembre), même si Louis XIV n’a jamais été gâté au cinéma ou en séries ;
  • Nous mettons une pièce sur Saints & Strangers (National Geographic, 22 novembre) qui bénéficie de la présence de Vincent Kartheiser, le Pete Campbell de Mad Men ;
  • Si vous cherchez un plaisir vraiment coupable, peut-être qu’Hot & Bothered fera l’affaire (NBC, 7 décembre) ;
  • Et enfin, les séries venant de sites de SVOD : Netflix, qui occupera encore le haut de l’affiche avec Master of None (mise en ligne le 6 novembre) et Jessica Jones (20 novembre) ; et Amazon, qui mettra enfin en ligne The Man in the High Castle le 20 novembre.

PS : The Leftovers est la meilleure série US à l’heure actuelle. Il fallait que ça sorte.

PFloyd

Stanley Kubrick, Akira Kurosawa et David Simon sont mes Dieux, mais je prends toujours du plaisir à voir un film ou une série, à condition que ce soit bien et bon. Sinon, gare au retour de bâton.

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