[Critique Film] – 120 Battements par minute

120 Battements par minute

Robin Campillo, illustre inconnu du cinéma français, est un cinéaste disposant d’un rythme de travail particulièrement lent (trois films en quatorze ans). Paradoxalement, toute la force de 120 Battements par minute vient de son rythme, dans lequel on reconnaît rapidement le timbre des années 1990, la house-music, les épopées plurielles… La première chose qui frappe, c’est cet humanisme triomphant, que l’on pouvait déjà discerner dans Eastern Boys, dernier film de Robin Campillo sorti en 2013. Pourtant, il n’y a rien de triomphant dans 120 Battements par minute, puisque le film traite de la condition difficile des séropositifs. Autrement dit, le film cadre la défaite, l’adrénaline, la fin… D’ailleurs on le sait d’emblée : Act-Up, association sur laquelle se centre le film, est vouée à l’échec, que ce soit à cause de ses méthodes ou des désaccords profonds entre ses membres. À noter d’ailleurs que Robin Campillo a lui-même milité dans ce type d’association, et livre par conséquent un film à l’image de cette époque : énergique et tragique, mais surtout faisant preuve d’un intense réalisme, 120 Battements par minute se trouve quelque par entre la fiction grand public et la documentation. À la fois onirique et naturaliste, stylisé et choquant, houleux et harmonieux…

120 Battements par minute

Il serait difficile de parler du film sans évoquer la vague émotionnelle qu’il a engendré au 70ème Festival de Cannes, se voyant notamment décerné la « Palme du cœur », récompense abstraite attribuée par les festivaliers. Cependant, cela pourrait également nous tenté d’éloigner 120 Battements par minute de son approche sombre, parfois quasi austère, de son sujet. Les points clés du film sont les débats ayant lieu à Act-Up. Chaque débat détermine la direction que le film va prendre, conduisant brillamment sa lucidité ainsi que sa limpidité. Ainsi, Campillo évite scrupuleusement l’usage abusif de la symbolique (on pense notamment à la séquence où la Seine est maquillée comme un fleuve de sang). Le film trouve donc sa force à travers cette acuité, mettant en avant les personnages, leur cause, leurs romances, redoublant la capacité dramatique de l’œuvre. Si il y a un message à retenir de tout cela, c’est que chaque révolution est une fête, mais qu’il ne faut pas oublier la gueule de bois du lendemain. Malheureusement, le message à tendance à avoir une portée encore plus grande que le film lui-même, ce qui réduit considérablement la portée émotionnelle de ce dernier. Ainsi, la scène de fin semble prévisible, et 120 Battements par minute s’avère bien trop académique pour remplir nos yeux de larmes. Autre sujet,  120 Battements par minute est un film sur le l’esprit collectif, lorsque celui-ci est prisonnier d’une pente glissante, jusqu’à ce qu’il s’écroule.

Kiwi- lui attribue la note de :
7/10

En bref

On peut le dire, le dernier né de Robin Campillo est une radicale, excitante et poignante illustration de l’amour à mort.

Boyen LaBuée

Né un peu avant la sortie du film "Matrix"

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