[Critique Film] – Julieta

Julieta

Une fois n’est pas coutume, le réalisateur espagnol Pedro Almodóvar se retrouve sélectionné à Cannes.  Après nous avoir offert le malsain La Piel que habito et la petite comédie chorale Les Amants Passagers, le cinéaste hispanique retourne à ce qui a fait ses grands moments de gloire (Tout sur ma mère, Volver) : les portraits de femmes.

Julieta, vingtième long-métrage d’Almodovar, suit donc l’histoire de Julieta (logique), une quinquagénaire sans nouvelle de sa fille depuis une douzaine d’années et qui tombe un jour par hasard sur l’amie d’enfance de sa fille Antia, une certaine Beatriz. Cette dernière lui rapporte qu’elle a vu Antia en Suisse où elle vit avec ses 3 enfants ; cette révélation bouleverse Julieta qui se met alors à écrire un livre pour sa fille relatant tout l’histoire de sa mère, de ses rencontres à la relation qu’elle entretenait avec Antia avant que cette dernière ne parte.

Comme on peut le deviner, le récit de Julieta s’articule autour d’un long flashback qui revient sur les moments marquants de la vie de son personnage principal : dans son rôle de conjointe, de mère, de fille ou encore d’amie. Une vie marquée par la mort et l’abandon de ses proches, que ce soit son amant ou sa mère. La culpabilité et la dépression s’attachent dangereusement à Julieta et sa fille va alors prendre les devants, rester forte, silencieuse et va, au moment de ses 18 ans, partir pour une retraite dont elle ne reviendra pas.

La rencontre entre Julieta et Xoan, une des étapes du film

Particulièrement tragique, l’histoire de Julieta est poignante, le sort paraissant s’acharner sur elle. On peut parfois avoir l’impression qu’Almodóvar appuie trop sur cela, enlevant un peu de subtilité au long métrage ; mais il offre surtout un mélodrame qui fait mouche, rappelant à certains moments Tout sur ma mère, notamment ce rapport avec son passé, qui va causer au final les plus gros dommages à Julieta – car comme elle le dit elle-même, le plus dur, comme pour les junkies, c’est la rechute. Le fait de repenser à sa fille après 10 ans de séparation va avoir un nouvel impact sur une vie qu’elle pensait avoir maîtrisé.

La maîtrise d’Almodóvar se fait ressentir à tout moment. Sa patte visuelle imprègne chaque plan, les couleurs vives rappelent si bien la chaleur de l’Espagne, mais elles peuvent très vite se transformer pour laisser place à des couleurs inquiétantes, notamment quand la mort rôde (le cerf courant dans la neige, la mer déchaînée vu au travers de la fenêtre). Julieta est une véritable réussite plastique. La musique est elle aussi particulière, ayant souvent un côté pesant et accentuant la tragédie vécue, mais qu’Almodóvar parvient à bien utiliser et qui sied bien au film au final.

Rossy De Palma, toujours présente

On ne peut pas finir de parler de Julieta sans bien sûr évoquer les deux actrices jouant le rôle éponyme. Que ça soit la jeune Adriana Ugarte ou la charmante Emma Suarez, elles irradient tout les deux l’écran de leur présence, sachant capter à merveille l’aspect tragique du personnage de Julieta. L’affiche est d’ailleurs particulièrement jolie, faisant écho à la très belle transition du film entre les deux personnages. Je ne serais pas étonné que les deux actrices repartent chacune avec le prix d’interprétation féminine – comme ce fut le cas pour VolverJulieta est donc un Almodóvar pur jus, revenu à son meilleur et mené tambour battant par deux formidables actrices. Un des grands drames de cette année – et peut-être primé à Cannes, mais ça, personne ne le sait encore.

Bondmax a attribué la note de :
8/10

L’extrait

Julieta signe le retour réussi aux portraits de femmes d’Almodóvar, dressant le portrait d’une femme forte dans les épreuves qu’elle traverse et porté par deux actrices excellentes.

Bondmax

Cinéphile et sérivoire. Fan de James Bond, De Palma et Verhoeven.

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