[Critique Série] – Hilda

Hilda

Il y a deux façons de voir le déluge de sorties séries qui sortent sur toutes les chaînes et sites de streaming en septembre. Côté verre à moitié vide, il existe des petites perles qui passent malheureusement inaperçues. Il faut faire des choix et les sacrifiés potentiellement bons sont (pour l’instant) nombreux : Black Earth Rising, Bodyguard, A Discovery of Witches, The Cry (la rentrée UK a l’air extrêmement intéressante soi-dit en passant)… Côté verre à moitié plein, parfois on tape juste et on tombe sur une petite pépite ; c’est le cas de Hilda, une création de Luke Pearson pour Netflix, dessinateur de la BD du même nom et accessoirement un ancien d’Adventure TimeHilda rejoint donc dans cette catégorie Over the Garden Wall et autres Steven Universe ou Summer Camp Island (aussi lancée cette année).

Hilda narre les aventures d’Hilda (logique), une jeune fille aux cheveux bleus qui vit à Trollbourg (Trolberg en VO) dans un monde fantastique fortement influencé par la culture scandinave, peuplé de monstres et autres elfes adeptes de la paperasse administrative. Mais Hilda est aussi une fille qui doit aller à l’école (et accessoirement s’y tenir à carreau), composer avec sa mère, les obligations familiales et ses ami.e.s, ainsi qu’avec son rôle au sein des scouts. Bref, une vie bien remplie pour une enfant de 9-10 ans qui va devoir choisir une de ses vies, ou en tout cas, essayer de concilier les deux si cela est possible.

Le lien avec Adventure Time est évident, avec une héroïne qui rappelle fortement Finn et la structure des épisodes (un épisode = un cas à traiter), ainsi que dans la récurrence de certains personnages au fil des épisodes (le Corbeau, le Bonhomme de Bois). Néanmoins, au niveau du rythme des épisodes et du style  graphique, Hilda se rapproche plutôt de Gravity Falls, une comparaison forcément positive. En soi, Hilda se situe pleinement dans cette catégorie de séries animées évoquant l’enfance et les rêves qui y sont associés, sans pour autant négliger les peurs et les difficultés qui peuvent surgir à tout moment.

Hilda

Une catégorie bien remplie qui n’empêche cependant pas la série de se démarquer. Si les premiers épisodes prennent leur temps pour poser l’univers et la plupart des protagonistes de la série, humains comme créatures – avec quelques longueurs parfois -, la deuxième moitié de la saison est beaucoup plus feuilletonnante et rapide, s’axant sur les interactions entre les personnages et les conséquences des actes de chacun.e dans cet univers. C’est le gros point fort de la série : parvenir à faire cohabiter cet univers fantastique, bien travaillé, avec un décor plus classique (la ville, l’école, les amis) tout en les mettant au service des personnages et de leurs aventures.

Cela donne à Hilda une identité plus posée, tout en étant aussi mature que les séries précédemment citées. Le ton oscille plutôt bien entre comédie – même si parfois la série veut trop en faire, certaines blagues tombant ainsi à plat – et moments plus intimistes, et l’écriture est suffisamment intelligente pour que chaque personnage ait sa propre personnalité, ce qui permet de s’attacher même aux plus secondaires – le Bonhomme de Bois étant la crème de la crème à ce niveau. Le doublage vocal (on y retrouve Bella Ramsey pour les fans de GoT) est de qualité – VO comme VF ; quant à la bande-son, elle parvient parfaitement à accompagner le tout, dans un mélange entre musique électronique et partitions plus classiques fort agréable à l’oreille.

On en viendrait presque à regretter que la saison ne compte que 13 épisodes tant on prend du plaisir d’être devant Hilda à la fin de la saison. A l’image d’Adventure Time ou de Steven Universe, seul le temps donnera – ou pas en cas de catastrophe créative ou d’annulation précoce – à la série de Luke Pearson l’occasion de devenir encore plus dense et de continuer à développer et à creuser son univers et ses personnages pour confirmer son statut de pépite en devenir. C’est tout le mal qu’on lui souhaite en tout cas et l’aventure ne semble qu’être à ses débuts : Netflix a déjà renouvelé la série pour une deuxième saison.

Hilda (UK/Canada), disponible sur Netflix depuis le 21 septembre, 13 épisodes de 24 minutes. Saison 2 commandée.

PFloyd lui attribue la note de :
7.5/10

En bref

Surprise fort sympathique qui ne demande qu’à grandir, Hilda manque un poil de densité dans cette première saison, mais laisse entrevoir un potentiel très intéressant. Reste plus qu’à attendre une année avant de revoir Alfur, Hilda, Frida, David et Twig.

PFloyd

Stanley Kubrick, Akira Kurosawa et David Simon sont mes Dieux, mais je prends toujours du plaisir à voir un film ou une série, à condition que ce soit bien et bon. Sinon, gare au retour de bâton.

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