[Critique Film] – Kakekomi

Affiche officielle (crédit Shochiku)

Basé sur un livre de Hisashi Inoue, Kakekomi est un film d’époque japonais du réalisateur Masato Harada, plus connu en France comme acteur (Omura dans The Last Samurai et Mr. Mita dans Fearless). Le film, un énorme succès au Japon, est une fresque historique belle et puissante en compétition au festival Kinotayo.

Près d’Edo, il y a un temple, le Tokeiji, dans lequel les femmes qui souhaitent divorcer peuvent se réfugier. Pour cela, il faut d’abord être interrogée dans une auberge. C’est là que se rencontrent les quatre personnages principaux : Ogin, une concubine, Jogo, Yuu, une femme de samouraï, et Nobujiro Nakamura, un apprenti docteur qui aimerait devenir écrivain. Ce dernier va s’intéresser de près aux femmes qui trouvent refuge au temple et les accompagner pendant les deux ans qu’elles vont y passer.

crédit Shochiku

Le film s’ouvre de manière grave : à Edo, les femmes artistes sont condamnées. On les voit marcher de manière solennelle. Quand soudain, un homme commence à se moquer des réformes d’austérité que la ville connait. Très vite, la scène tourne au comique et il doit s’enfuir. Cette première scène donne le ton de tout le film : pendant deux heures vingt, le cinéaste donne à son long-métrage des tonalités tantôt graves tantôt drôles. Le film ne souffre donc d’aucune longueur, rythmé par des scènes cocasses qui allègent un sujet parfois lourd.

Kakekomi est un film solide : une belle photographie, une belle réalisation, un bon scénario à l’humour bien dosé, de bons acteurs, et une belle musique. Si le film fonctionne si bien, cependant, c’est notamment pour son sujet. En effet, Kakekomi réussit à raconter des histoires personnelles en les entremêlant à la grande Histoire, Il peint des portraits de femmes beaux et touchants, des amitiés émouvantes, et donne à voir une solidarité féminine qu’on voit encore trop peu sur nos écrans, tout en dénonçant les abus de pouvoir des gouvernants en place à ce moment là.

crédit Shochiku

Le soin apporté aux costumes et aux décors fait de Kakekomi un très beau film. La photographie de Takahide Shibanushi donne à l’image des teintes chaudes et sublime les décors et les visages. Le cinéaste, lui, prend le temps de montrer les choses, sans jamais tomber dans le voyeurisme ou le pathos superflu. Il aborde, sans jugement, des sujets personnels qui permettent à ses personnages de se développer et de gagner une véritable identité.

C’est donc un film véritablement soigné qu’est Kakekomi, un film dont il faut espérer qu’il trouvera un distributeur français. Du beau cinéma.

Sophie M lui attribue la note de :
8/10

En bref

Kakekomi est un film beau et solide, qui raconte une émouvante histoire de femmes.

SophieM

27 ans. Militante féministe, libraire de métier. Je vis pour le fromage.

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