[Critique Film] – The Power of the Dog

The Power of the Dog

Jane Campion s’est faite rare au cinéma. Son précédent projet datait de 2009 et s’intitulait Bright Star. Alors certes, la série Top of The Lake avait fait sensation en 2013 mais ici on parle de long métrage. The Power of the Dog est donc son nouveau film, adapté d’un roman de Thomas Savage et se déroulant en début du XXe siècle dans le Montana profond. C’est lors du Festival Lumière que j’ai pu découvrir le film sur grand écran, présenté par Jane Campion elle-même. Une chance puisque le film sera distribué uniquement sur Netflix.

The Power of the Dog

« Originaires du Montana, les frères Phil et George Burbank sont diamétralement opposés. Autant Phil est raffiné, brillant et cruel – autant George est flegmatique, méticuleux et bienveillant. À eux deux, ils sont à la tête du plus gros ranch de la vallée du Montana. Une région, loin de la modernité galopante du XXème siècle, où les hommes assument toujours leur virilité et où l’on vénère la figure de Bronco Henry, le plus grand cow-boy que Phil ait jamais rencontré. Lorsque George épouse en secret Rose, une jeune veuve, Phil, ivre de colère, se met en tête d’anéantir celle-ci. Il cherche alors à atteindre Rose en se servant de son fils Peter, garçon sensible et efféminé, comme d’un pion dans sa stratégie sadique et sans merci… »

The Power of the Dog est un film lent, contemplatif mais pas vide. Les personnages nous sont présentés petit à petit de manière à ce que l’on puisse cerner les différents caractères d’une manière fluide et naturelle. Le film met en avant un conflit familial que l’on sent exister depuis toujours entre les deux frères, qui bien que s’aimant profondément, se jalousent les talents de l’autre. Phil est efficace, précis, travailleur mais socialement problématique tandis que George est plus doux, bienveillant et affable. Le temps n’arrangeant pas les caractères, lorsque George décide d’avancer de son côté Phil se sent délaissé et va reporter toute la haine qu’il porte en lui sur Rose qu’il accuse de lui « voler » son frère. Pour Phil tous les coups sont alors permis, jusqu’à utiliser un jeune garçon efféminé afin de l’éloigner de sa mère et de cette marnière, la détruire. Le développement des personnages est intelligent et subtile et voir tous ces protagonistes évoluer dans cette époque particulière entre ruralité et modernité donne de l’épaisseur au récit.

Le film avance les pions méticuleusement au fur et à mesure et il méritera d’être visionné une 2ème fois pour prêter attention aux moindres détails, qui sont loin d’être anodins. C’est la fois une qualité (rien n’est laissé au hasard) comme un défaut, car lorsque le final pointe le bout de son nez, les interrogations suivent. Cela appelle donc un second visionnage.

The Power of the Dog

L’Oscarisée Jane Campion a fait des paysages sa force tout au long de sa carrière, elle sait filmer les grands espaces et c’est évidemment le cas pour The Power of the Dog pour notre plus grand plaisir. Les plaines du Montana sont immenses, vallonnées et surtout vides. La photographie est superbe et la gestion des lumières naturelles en extérieur est tout bonnement magnifique, rappelant parfois ce que Terrence Malick nous a offert avec Les Moissons du Ciel en 1979. Jane Campion place souvent l’Homme au milieu de l’immensité des paysages pour rappeler que nous ne sommes que de passage et que seule la terre est amenée à rester.

Un des points forts du film est son casting d’une grande justesse pour des rôles très bien écrits. Que ce soit Benedict Cumberbatch, Jesse Plemons (que j’apprécie beaucoup), Kirsten Dunst ou encore le trop rare Kodi Smit-McPhee (regardez Slow West svp), tous sont très convaincants.

La bande originale, qui joue beaucoup dans l’atmosphère pesante du film, est signée Jonny Greenwood qui outre son rôle de guitariste dans le groupe Radiohead a déjà produit la musique de Phantom Thread, There Will Be Blood, Inherent Vice, The Master ou encore You Were Never Really Here. C’est pas dégueu.

The Power of the Dog est taillé pour le grand écran, il s’agit bien d’un film de cinéma et j’espère de tout cœur que vous aurez le plaisir de le découvrir un jour dans une salle obscure. En attendant il faudra se contenter de Netflix, le 1er décembre.

CaptainSmoke lui attribue la note de
7/10

En bref

Jane Campion avait manqué au cinéma, et The Power of the Dog est une nouvelle fois la preuve de son talent. Seule ombre au tableau, un final cryptique qui surprendra plus d’un spectateur.

CaptainSmoke

Fondateur de DansTonCinéma.fr, cinéphile et sériephile, j'aime découvrir des perles inconnues dans le cinéma traditionnel comme dans l'animation.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *