[Critique Série] – Dirk Gently, détective holistique

Douglas Adams est un des fleurons du nonsense britannique. Son œuvre la plus connue, la trilogie en cinq parties The Hitchhiker’s Guide to the Galaxy (qui était un feuilleton radiophonique à l’origine), a connu des adaptations diverses et variées avec un film en 2005. Mais Adams n’a pas écrit que du space-opera ; il est aussi derrière le personnage de Dirk Gently, un détective holistique qui se laisse porter par le chaos qui l’entoure pour se retrouver là où il doit être. Un personnage de Douglas Adams pur jus donc.

Co-production entre BBC America (la chaîne d’Orphan Black) et Netflix, cette nouvelle adaptation des enquêtes bizarres de Dirk Gently (une première série avait vu le jour en 2010 sur BBC4) est plutôt réussie. « Plutôt » seulement, car Dirk Gently, détective holistique aurait pu être meilleure avec deux épisodes en moins et plus de folie. Sur une chaîne britannique à destination du public britannique, le résultat aurait été différent ; ici, on sent que la série doit plaire à un public qui n’a pas forcément lu du Douglas Adams (et qui n’est pas forcément familier à l’absurde et au nonsense), quitte à tomber parfois dans la niaiserie ou le blabla gentillet très long (comme lors de l’épisode final). Max Landis – le scénariste de Chronicle et de… d’autres films – peine parfois à trouver l’équilibre entre la narration absurde et l’action et tente trop souvent de combler les chutes de rythme avec des dialogues très premier degré qui tombent à plat (la relation entre Todd et sa sœur Amanda manque de vie par exemple et se traîne au fil de la série) ou en enchaînant les scènes d’action avec du sang à gogo. Ces situations cassent le rythme et ramènent Dirk Gently, détective holistique à l’état de série d’action comique banale et balisée. Ce qui est injuste vu qu’elle a d’autres arguments positifs à faire valoir.

Une belle amitié

Car contrairement à  l’adaptation ratée de Preacher plus tôt en 2016 – et qui est un des plus gros gâchis de l’année sérielle passée – Max Landis, Andy Black et Robert Cooper n’ont pas cherché à faire uniquement que du cool sanglant sans queue ni tête en sacrifiant les personnages et le ton absurde d’Adams. Rien que par leurs dégaines, Samuel Barnett et Elijah Wood sont parfaits dans leurs rôles de Dirk Gently et Todd Brotzman, tour à tour ahuri (surtout Wood) ou étrangement enthousiaste pour un rien (Barnett). L’arc autour de Bart Curlish – une tueuse holistique à la recherche de Dirk – et de son otage/confident/ami/boulet Ken (hilarant Mpho Koaho) est une réussite du début à la fin. Et puis voir Aaron Douglas cabotiner en méchant gourou est un plaisir que je ne refuse pas personnellement.

C’est grâce à ces deux piliers que Dirk Gently, détective holistique parvient à convaincre en tant qu’œuvre gentiment absurde. Le fil rouge et les différentes péripéties importent finalement peu ; ce sont les dialogues barrés entre Bart et Ken, la dégaine d’Aaron Douglas en manteau de fourrure et grosses lunettes ou les pérégrinations de Dirk contre toute logique qui ont de l’intérêt et poussent le spectateur à continuer de regarder ces drôles de gus s’agiter dans tous les sens.

Il est vrai que si vous avez déjà lu du Douglas Adams au moins une fois dans votre vie, Dirk Gently, détective holistique vous apparaîtra comme une série fade. Mais grâce à ses acteurs et à certains de ses dialogues, la création de BBC America et de Netflix parvient à avoir un charme qui la différencie de la production comique actuelle. Ce n’est certes pas une grande réussite mais le plaisir est tout de même présent au final. Une série parfaite pour un lendemain de réveillon du 31 décembre en quelque sorte.

Dirk Gently, détective holistique : 8 épisodes de 42 min., commencée le 22 octobre 2016 sur BBC America et mise en ligne le 11 décembre sur Netflix. Deuxième saison déjà prévue pour cette année.

PFloyd lui attribue la note de :
6/10

En bref

Sans être une réussite incroyable, Dirk Gently, détective holistique parvient à divertir grâce à son casting parfait, certaines situations absurdes et des dialogues bien barrés. Et c’est bien là le principal.

PFloyd

Stanley Kubrick, Akira Kurosawa et David Simon sont mes Dieux, mais je prends toujours du plaisir à voir un film ou une série, à condition que ce soit bien et bon. Sinon, gare au retour de bâton.

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