[Critique Série] – It’s Always Sunny in Philadelphia

Des sitcoms drôles au départ puis ennuyantes au bout de trois ou quatre saisons, il y en a eu beaucoup. Plus rares sont celles qui réussissaient à faire rire le spectateur jusqu’à leur final, mais c’est arrivé, comme Parks & Recreation. Cependant, ces dernières ne dépassent quasiment jamais les dix années d’existence. Et pourtant une série vient de conclure sa onzième saison sans faiblir et fera même un douzième tour de piste l’année prochaine : It’s Always Sunny in Philadelphia.

Elle n’est pas diffusé sur un grand network, ni sur le câble premium. Débutée sur FX en 2005 puis reléguée sur FXX depuis trois saisons, It’s Always Sunny in Philadelphia est pourtant devenu incontournable pour une niche de personnes. Car oui, la série n’est pas très populaire, assez peu regardée aux États-Unis (entre 750 000 et 450 000 téléspectateurs pour cette onzième saison) et diffusée en catimini sur Canal+ depuis 2008. Mais elle est sans doute la sitcom la plus drôle à l’heure actuelle, avec Man Seeking Woman (tiens tiens, une autre série FXX) et Broad City (même si cette dernière vaut surtout pour son ambiance et son génial duo (mais nous en parlerons plus en détail une autre fois)) qui n’ont toutefois pas encore la longévité de ce papy qui fait de la résistance.

Pour ceux qui ne connaîtraient pas la série, voici un bref résumé : trois potes (Charlie, Mac et Dennis) achètent un pub à Philly, le Paddy’s. Ils sont rejoints ensuite par la soeur et le père de Dennis (Dee dès le premier épisode, Frank lors de la saison 2). Il n’y a pas de vrais liens entre chaque épisode, mis à part quelques running gags qui courent sur plusieurs saisons. En réalité, It’s Always Sunny in Philadelphia ressemble énormément à Seinfeld dans son concept : contempler la non-évolution de personnages égocentriques qui ne retiennent jamais les leçons de leurs erreurs et qui se fichent du monde qui les entoure – sauf quand de l’argent est en jeu à la limite. Le tout rehaussé d’une pointe de meta, de tonnes de délires en tout genre et par un casting parfait : Charlie Day (Charlie), Glenn Howerton (Dennis), Rob McElhenney (Mac, qui est aussi créateur de la série), Kaitlin Olson (Dee) et Danny DeVito (Frank) qui a contribué à vraiment lancer la série avec son arrivée.

The Gang

Car oui, Philadelphia ose beaucoup. Les scénaristes ne s’interdisent rien, vont à l’essentiel et déroulent le fil d’une situation a priori déjà vu et revu – par exemple, un pari idiot entre Charlie et Dennis – pour en faire quelque chose d’unique et drôle. Les personnages étant très clichés – Dennis est le dragueur/Mr je-sais-tout du groupe, Mac le mec musclé doutant de lui-même, Charlie l’idiot/psychotique, Dee la bouc-émissaire et souffre-douleur malpolie et Frank… Frank – la série se permet de leur faire vivre des situations qui virent rapidement à l’absurde et qui les poussent souvent à faire ressortir le pire d’eux-mêmes, notamment au détriment d’autres membres du groupe. Durant les onze saisons, les situations mémorables et/ou complètement stupides n’ont pas manqué : une pièce de théâtre épique, le D.E.N.N.I.S System (un système de drague soi-disant infaillible inventé par Dennis), Frank incrusté dans un canapé (une scène qui me hantera toute ma vie), Charlie et ses élans lyriques lancés avec sa voix suraigu, une bataille pour posséder une montagne à cause d’un pari remontant à 20 ans… Bref, il y a largement de quoi rire lors de ces onze saisons. Et aussi permettre de réfléchir, les scénaristes adorant parsemer les péripéties de nos héros de thématiques sociales ou culturelles qui visent assez juste.

Classic Charlie

Si l’écriture de la série est au top, la forme lui permet d’être plus qu’une simple sitcom filmé dans deux intérieurs reconstitués en studio comme certaines comédies. La mise en scène est assez simple (quoiqu’elle peut se permettre de sacrés choses, comme ce superbe plan-séquence de dix minutes pour Charlie Works la saison passée) mais toujours efficace, donnant du rythme aux dialogues incisifs. Elle est aussi bourrée de références cinématographiques de plusieurs genres différents (horreur, action, comédie, drame) et n’hésite pas à mettre en scène ses personnages dans des films créés de toutes pièces, notamment deux suites… à l’Arme Fatale. Ainsi, comme Archer ou Seinfeld à son époque, tous les épisodes et toutes les saisons ne se valent peut-être pas, mais le rire survient toujours lors d’un épisode.

It’s Always Sunny in Philadelphia fait partie de ses rares séries qui ont su durer sans qu’on se dise qu’il fallait qu’elle s’arrête un jour. Son écriture, ses acteurs et sa mise en scène inspirée et créative donnent un souffle immense à la série. Cela vaut pour la onzième saison qui s’est conclue la semaine passée et qui réserve à nouveau quelques fous rires, et même si ce n’est pas la meilleure saison qu’a connu la série, elle reste drôle ; et après onze ans d’antenne, cela reste un performance qui force le respect. Donc si rattraper onze saisons ne vous fait pas peur, faites un tour au Paddy’s. Vous ne le regretterez pas.

PFloyd lui attribue la note de :
9/10

En bref

Vous aimez rire comme tous les êtres humains normalement constitués ? Alors It’s Always Sunny in Philadelphia est faite pour vous. Si vous n’êtes pas un être humain, dans ce cas… regardez quand même.

PFloyd

Stanley Kubrick, Akira Kurosawa et David Simon sont mes Dieux, mais je prends toujours du plaisir à voir un film ou une série, à condition que ce soit bien et bon. Sinon, gare au retour de bâton.

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