[Dossier] – Quid des nouveautés séries de mars/avril ?

Big Time in Hollywood, FL

Parce que les journées ne font pas 72 heures, il est parfois impossible de suivre chaque lancement de série. Heureusement, on pense à vous avec ce petit top des nouveautés à suivre en ce début d’année, un petit focus sur un flop, un rapide topo sur les séries en cours puis la partie « Madame Irma » sur les nouveautés à surveiller pour les mois de mai et juin.

Le tout garanti sans langue de bois, of course.

A voir absolument :

Bloodline, créée par Glen Kessler, Todd A. Kessler et Daniel Zelman.

Kyle Chandler, impérial.

Des trois séries Netflix attendues ces deux derniers mois – une autre apparaîtra juste en-dessous, Bloodline est sans doute celle qui a le plus convaincu. Clairement héritière de Damages – et ce n’est pas étonnant vu que les créateurs de cette dernière sont aussi aux commandes ici, Bloodline a pour ambition d’être une saga familiale dramatique et intimiste dans les bayoux de la Louisiane. Et ça marche. L’interprétation est de grande qualité – notamment Ben Mendelsohn et Kyle Chandler, la réalisation est excellente, tout comme la narration et la mise en place de l’intrigue. Si la lenteur du début de saison peut en rebuter certains, on ne peut qu’être admiratif devant le développement des personnages et les trois derniers épisodes qui prennent vraiment aux tripes. Pour peu que l’on accroche, Bloodline apparaît clairement comme la plus grande réussite de Netflix et celle qui la rapproche le plus de son modèle inavoué, HBO.

Mise en ligne le 20 mars, 13 épisodes, disponible sur Netflix

Marvel’s Daredevil, créée par Drew Goddard.

Matt dans un couloir jaune.

Le projet était casse-gueule pour Marvel : remettre en selle un super-héros détruit par le film de 2003, et prouver que la société pouvait produire une oeuvre mature et plus sombre que ne le sont ses films ou ses séries sur ABC. Et pour le coup, la mission est remplie, même si des défauts ternissent un peu le tableau, comme la majorité des personnages secondaires qui ne servent à rien et énervent – notamment Karen et Foggy – ou encore un rythme irrégulier au début de la série. Néanmoins, Daredevil est une série attachante, avec son ambiance travaillée à la Dark Knight – et proche de celui des comics – et ses bastons correctement filmés – la plupart du temps tout du moins. Charlie Cox fait le boulot en Matt Murdock – même si il manque de maturité à mon goût, Vincent D’Onofrio campe un Caïd charismatique et le plan-séquence du deuxième épisode vaut le coup d’œil. Même si Daredevil est imparfaite, Marvel a quand même marqué l’essai ; maintenant il faut le transformer, à 40 mètres des poteaux en coin, avec la saison 2 déjà commandée.

Mise en ligne le 10 avril, 13 épisodes, disponible sur Netflix

The Last Man on Earth, créée par Will Forte – Vivienn.

Ca va tomber.

Au départ, The Last Man on Earth était un script de long-métrage avorté du duo magique Chris Miller/Phil Lord, qui ont finalement approché un ex du Saturday Night Live, Will Forte, pour porter le show dans une nouvelle direction. C’est donc bel et bien l’œuvre d’un seul et même homme, à la triple casquette d’acteur, de scénariste et de créateur, dont la personnalité et le registre d’humour se ressent à chaque seconde. Et finalement ça fait de The Last Man on Earth ce qu’on aurait pu espérer de mieux, c’est-à-dire tout sauf une série consensuelle. Alors certes, au cours des treize épisodes de cette première saison, The Last Man on Earth se répète, réutilise des procédés d’humour jusqu’à un relatif épuisement, mais découvrir un tel comique scato et vulgaire mettant en scène un personnage aussi atypique, le tout avec une ambition digne d’une série câblée, sur un network comme FOX, c’est à la fois surprenant et fondamentalement rafraîchissant. Pas faite pour tout le monde, mais probablement l’une des seules comédies accomplies de la saison.

Débutée le 1er mars, 13 épisodes, FOX (finie)

Big Time in Hollywood, FL, créée par Alex Anfanger et Dan Schimpf.

C’est la surprise du chef que peu avait dû voir venir. Imaginez The Wrong Mans en remplaçant l’ambiance froide et british par des crises d’hystéries récurrentes et deux héros passionnés de cinéma. Secouez, rajoutez quelques guests comme Michael Madsen, et vous obtenez Big Time in Hollywood, FL. L’ensemble tient la route pour le moment, c’est drôle et inventif lors des scènes de films fantasmées par nos héros, et bourrés de références en tout genre. Bref, une bonne pioche si vous êtes en manque de comédie foutraque depuis la fin de Man Seeking Woman – mais en plus sanglant ici.

Débutée le 25 mars, 10 épisodes, Comedy Central

Le Bureau des Légendes, créée par Éric Rochant – Vivienn.

Coucou Matthieu.

Éric Rochant revient aux fondamentaux, vingt ans après Les Patriotes. Et Le Bureau des Légendes est une réussite indéniable pour le metteur en scène. Il y a tout d’abord des inspirations très prestigieuses (David Simon, David Chase, John Le Carré), mais aussi l’ambition de proposer une fiction dense, intelligente et travaillée. Non dénuée de défauts, connaissant un petit coup de mou en milieu de saison, c’est pourtant avec une classe admirable que la création de Rochant dresse une fresque réaliste et ambiguë du microcosme des renseignements, le tout en se basant sur un arrière-plan politique contemporain passionnant et la montée en puissance de storylines jusqu’au climax final ne pouvant qu’ouvrir la porte à une d’ors et déjà très attendue deuxième saison. Probablement l’une des meilleures séries de l’histoire du PAF.

Débutée le 27 avril, 10 épisodes, Canal+

The Jinx: The Life and Deaths of Robert Durst, créée par Andrew Jarecki.

Ce visage vous hantera à jamais. Son histoire aussi.

On quitte la fiction pour la réalité. The Jinx n’est pas une série classique, c’est un documentaire en six épisodes retraçant le parcours d’un homme soupçonné de plusieurs meurtres : celui de sa femme en 1982, d’une journaliste proche de lui en 2000 et d’un voisin en 2001. Trois meurtres pour un seul homme, Robert Durst, qui commanda ce documentaire pour faire taire les soupçons qui pesaient sur lui. Et durant six épisodes, on reste littéralement scotché devant sa télévision, devant la vie de Durst, son air dur et son regard acéré. Une vingtaine d’années défilent sous nos yeux, jusqu’à l’épisode final, explosif et terrible. Un documentaire à voir, le plus rapidement possible.

Débutée le 8 février, 6 épisodes, HBO

American Crime, créée par John Ridley – Vivienn.

Après son Oscar pour le scénario de 12 Years a Slave, John Ridley revient sur le petit écran qui l’a vu naître, dix ans après la fin de Third Watch. On retrouve dans American Crime ces questionnements qui sillonnent déjà toute son œuvre, cette réflexion sur le rêve américain avec comme toile de fond la « lutte des races ». American Crime n’est pas très subtile, elle manque de recul et aborde en plus de cela des sujets assez brulants, mais Ridley parvient à trouver une véritable justesse émotionnelle, une sobriété dans la narration qui surprend énormément sur une chaîne comme ABC. La série risque malheureusement d’être annulée, mais étant une anthologie – chaque saison est indépendante des autres – on peut espérer avoir droit à une fin définitive au terme de cette première saison.

Débutée le 16 mars, 11 épisodes, ABC

Mentions : The Comedians (FOX) et Safe House (ITV).

Le flop :

« Mais qu’est-ce que je fous dans cette série… »

Happyish (Showtime) n’est pas une bonne série. Elle aurait été drôle si ses dialogues avaient été mieux travaillés et pas uniquement vulgaires et banals. Elle aurait été originale en décortiquant intelligemment les relations jeunes/vieux dans les entreprises actuelles, avec cette génération Y et ces vieux de la vieille qui ont deux mondes différents, mais aussi semblables sur certains points. Happyish aurait pu être une bonne série. Malheureusement, elle ne l’est pas. Dommage pour Coogan.

Et sinon :

Mad Men a entamé son sprint final avec cette deuxième partie de saison 7. Le final va être très difficile à supporter.

Community est revenu, sur Yahoo! cette fois, et malgré un début bancal, cette saison s’annonce plutôt bonne (même si l’épisode 8 est médiocre).

– L’homme le plus drôle du monde a aussi fait son retour, mais ne traînez pas trop : Louis C.K. et Louie ne sont là que pour 8 petits épisodes, malheureusement – et 4 ont déjà été diffusés.

– Après le leak spectaculaire de quatre épisodes, Game of Thrones a commencé sa diffusion « normale » sur HBO. Et bizarrement, alors que les spoilers fusaient l’année dernière, Internet est beaucoup plus calme cette année. Avant la tempête ?

– Enfin, je ne peux que vous conseiller de vous jeter dès maintenant sur Inside No. 9, série de la BBC2, qui vient de terminer sa saison 2 le 1er mai, et qui mérite vraiment que l’on s’y attarde.

Quelles nouveautés vaudront le coup en mai/juin ? Moins chargés que les mois précédents, on fera tout de même attention à Waynard Pines (14 mai, FOX) qui aura la lourde tâche de marcher sur les pas de Twin Peaks – tout du moins dans le script de départ ; NBC lancera Aquarius (28 mai) avec David Duchovny en tête de gondole, une série ambitieuse sur Charles Manson et sa secte dans le Los Angeles des années 60. Mais le gros projet qui attirera les projecteurs sera Sense8 (5 juin, Netflix), porté par des Wachowski que l’on espère en grande forme. Dans le rang des séries qui pourraient être de bonnes surprises, Mr. Robot (24 juin, USA Network) sera à surveiller, tout comme The Brink (21 juin, HBO).

PFloyd

Stanley Kubrick, Akira Kurosawa et David Simon sont mes Dieux, mais je prends toujours du plaisir à voir un film ou une série, à condition que ce soit bien et bon. Sinon, gare au retour de bâton.

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