[Avis série] – Better Call Saul

Better Call Saul

Être un spin-off est toujours une chose compliquée. Il faut savoir se démarquer de l’oeuvre originale tout en restant assez proche de cette dernière pour justifier son statut de dérivé. Alors quand AMC a annoncé une série spin-off de Breaking Bad centrée sur ce bon vieux Saul peu après la fin de cette dernière, l’excitation s’est mêlée à l’appréhension : était-ce vraiment nécessaire ? Surtout que le projet paraissait un peu flou, entre préquelle et suite, sans que l’on sache vraiment de quoi il en retournait.

Après visionnage des deux premiers épisodes, je dois avouer que j’ai vraiment apprécié ce que j’ai vu. Et si le reste est du même tonneau, Better Call Saul se posera en tant que challenger pour le titre de série de l’année, mais chaque chose en son temps.

Après une introduction vraiment déroutante vu la suite – mais qui prouve la maîtrise de Vince Gilligan à la réalisation, on suit donc celui qui deviendra Saul Goodman, mais qui s’appelle encore James McGill, alors qu’il tente de se faire une place en tant qu’avocat. Inutile de dire que le bonhomme n’est pas très efficace pour défendre ses clients, et toute la personnalité de Saul – à la fois loser, gouailleur et orgueilleux – se retrouve étudié dans ces deux premiers épisodes, menant à des situations absurdes, drôles, mais aussi délicates et dangereuses.

Le raffinement à son maximum

Sans spoiler outre mesure, je suis bluffé. Bluffé, à la fois par la qualité de l’écriture, pas la réalisation ou encore par le ton de la série. La mise en scène est impeccable, même si certaines fautes techniques apparaissent ici et là – le pistolet en plastique de l’épisode deux par exemple. Bob Odenkirk est génial, dans la lignée de son rôle de Breaking Bad, et le reste du cast n’est pas en reste – avec des références à la série-mère, comme les présences de Jonathan Banks ou Raymond Cruz. Autre point à ne pas oublier et qui était un grand point fort de Breaking Bad : la bande-son, toujours entre les mains de David Porter, est excellente et suit parfaitement ce qui se passe à l’écran. Sans compter que les deux premiers épisodes comptent quelques références plutôt bien vues.

Mais la vraie réussite pour le moment se situe au niveau du ton de la série : j’avais peur de voir un Breaking Bad bis, mais Better Call Saul trouve immédiatement sa propre ambiance, inspirée de son ancêtre certes, mais différente aussi. Grâce à la présence de Saul, la série est plus décalée, plus absurde que sa devancière, sans pour autant oublier la violence ou la tension. Saul n’est pas Walter White, et du coup les enjeux de la série sont différents ; et c’est ce qui fait de Better Call Saul une série suffisamment différente pour que l’on s’y intéresse.

Saul… enfin, James McGill en plein travail

Bref, si pour le moment il n’y a que deux épisodes – mais quels épisodes ! – et qu’il faut toujours se méfier, Better Call Saul est bien parti pour nous happer comme Breaking Bad l’avait fait en son temps. Différente de cette dernière sans pour autant la renier, elle arrive à créer une ambiance et un ton particulièrement plaisant, le tout soutenu par une réalisation et une interprétation très solides. Il ne reste plus donc qu’à attendre la fin de la saison pour faire le bilan, mais ça sent très bon.

Better Call Saul (10 épisodes), chaque lundi soir sur AMC (disponible via Netflix en France).

PFloyd

Stanley Kubrick, Akira Kurosawa et David Simon sont mes Dieux, mais je prends toujours du plaisir à voir un film ou une série, à condition que ce soit bien et bon. Sinon, gare au retour de bâton.

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