[Critique Film] – Jupiter Ascending

Jupiter Ascending

Inutile de dire que Jupiter Ascending suscite la controverse en ce moment. Entre ceux qui crient au génie, et les autres (plus nombreux) qui hurlent au navet intergalactique – chaque camp étant persuadé d’avoir raison, il est difficile de savoir vraiment ce que le film a dans le ventre. Et le meilleur moyen pour se faire son propre avis reste d’aller le voir – ce que j’ai fait avec témérité.

Une fois des bandes-annonces qui ont le don de me mettre mal à l’aise – surtout celle pour Cinquante Nuances de Grey, le film démarre. Et après les cinq premières minutes, je me demande franchement ce que je fous là : les acteurs surjouent à fond, le doublage est vraiment mauvais (cette impression ne changera pas malheureusement) et la mise en scène ne prend même pas le temps de poser l’histoire, enchaînant les plans et les ellipses. Et que dire de la première scène avec les Abrasax (les grands méchants), qui montre un Eddie Redmayne sous anxiolytique affublé d’un doubleur asthmatique très convaincant. Sauf que ni Redmayne, ni le doubleur ne savent jouer ou interpréter un méchant.

LA DROGUE

Eddie Redmayne dans une imitation de Cristiano Ronaldo

En vrai, j’avais tout pour détester ce film. Il n’y a pas de scénario, juste des lambeaux éparpillés ici et là, sans doute le résultat du charcutage du script qui faisait 600 pages ; des effets spéciaux assez moches esthétiquement parlant ; des acteurs en roue libre. Je m’attendais à voir un Transcendance bis, pour citer l’exemple d’un blockbuster ambitieux qui se vautrait.

Et pourtant j’ai apprécié.

Il y a des scènes excellentes, comme cette course-poursuite à Chicago. Les gunfights sont plutôt bien filmés globalement, même si dès que des vaisseaux prennent le relais, l’action se fait plus confuse – la caméra oubliant parfois de suivre le vaisseau contrôlé par les héros. Mila Kunis manque de charisme, mais son personnage est plutôt attachant je dois avouer, car le film se centre sur Jupiter et que le spectateur voit le film sous son prisme à elle. Channing Tatum fait le job lors des scènes d’action, mais manque aussi d’épaisseur, au contraire de Sean Bean, toujours aussi cool et grognon. Et il y a des dizaines d’idées, allant des bottes au sorte de plaquettes métallisées, en passant par l’administration digne des Douze Travaux d’Astérix et ses fonctionnaires venant tout droit d’un film de Terry Gilliam. Pas exempt de défauts, mais il y a de quoi faire.

Coucou Terry

Coucou Terry

Je pense que le problème vient du fait que je n’étais pas prêt à prendre mon pied tout simplement. On m’annonçait une purge, les affiches faisaient penser à un ersatz de Star Wars ou de film pour ados. Le scénario de 600 pages a été saboté, et sans doute que les Wachowski – dont je ne suis pas un grand fan, ont aussi leurs parts de responsabilité dans ce qui s’annonce être un nouveau flop pour le moment. Une mini-série ou un film de 3 heures aurait pu peut-être faire de Jupiter Ascending un grand space opera, mais malheureusement on ne le saura jamais.

Mais en l’état, Jupiter Ascending est un blockbuster… qui fait son travail honnêtement. C’est aussi incohérent qu’Edge of Tomorrow ou des centaines d’autres blockbusters, avec un parti-pris artistique particulier et un pitch de départ improbable – une héroïne qui récure les chiottes et qui finit maîtresse de la Terre. Ce n’est pas le messie annoncé par certains, mais ça se suit sans déplaisir. Et ça m’a surtout fait penser à Matrix premier du nom, que ce soit au niveau de la structure du film que des défauts dans le jeu des acteurs ou encore les scènes d’action – même si l’aspect chorégraphié de Matrix est absent ici.

Sans doute que ce qui m’a plu tiens aussi du fait que j’ai aimé ces détails. Jupiter est magnifique, les petites touches SF m’ont fait repensé à des choses que j’avais écrites au lycée – j’avais fait une nouvelle avec des bottes comme celles du film, si si – et la tchatche de Mila Kunis m’a un peu fait penser aux égarements d’un John McLane. Ce sont des détails certes, mais moi ça me plait. Et puis Redmayne, une fois que l’on sait qu’il va mal jouer, on l’accepte et on rigole. Même si Hugo Weaving en méchant, je n’aurais pas dit non…

Jupiter dans toute sa splendeur

Jupiter dans toute sa splendeur

Un blockbuster honnête et des moments de fun. Malgré tous ses défauts, je préfère voir le verre à moitié plein, et c’est peut-être mieux ainsi.

PS : la version française me laisse un peu perplexe. Déjà, on se tape un doublage assez mauvais je trouve – et pas toujours synchronisé, mais en plus, deux trois trucs m’ont un peu dérangé : un écran-titre avec le titre en VO et celui en VF en-dessous – première fois que je vois ça et des traductions incrustées à l’arrache sans qu’il y ait besoin de les mettre (l’administration). C’est peut-être que moi, mais je trouve que ça manque de rigueur.

Cet article a été écrit après visionnage du film en VF.

PFloyd lui attribue la note de
6/10

En bref

Jupiter Ascending ne laissera pas indifférent. Grandement imparfait, il a au moins le mérite de détonner par rapport aux autres blockbusters, d’un point de vue artistique ou même narratif. Une bizarrerie qui mérite d’être vu à mon sens.

PFloyd

Stanley Kubrick, Akira Kurosawa et David Simon sont mes Dieux, mais je prends toujours du plaisir à voir un film ou une série, à condition que ce soit bien et bon. Sinon, gare au retour de bâton.

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